La Ministre de
lEcologie et du Développement Durable, Roselyne Bachelot, vient de réintégrer la
martre, la belette, et le putois dans la liste des espèces susceptibles dêtre
classées nuisibles.
Cet arrêté annule celui
de son prédécesseur, Yves Cochet, qui depuis le 21 mars 2002 excluait de ladite liste
ces trois mustélidés.
France Nature
Environnement, qui est membre du Conseil National de la Chasse et de la Faune Sauvage, a
de plus en plus le sentiment que ce Conseil National de la Chasse devient la chambre
denregistrement des desiderata de la Fédération Nationale de Chasse.
France Nature
Environnement envisage de saisir le Conseil dEtat contre cet arrêté ministériel,
pris en labsence totale darguments objectifs.
Vous trouverez ci-dessous des
extraits du dossier produit en mars 2002 par le Ministère de lAménagement du
Territoire et de lEnvironnement qui faisait le point sur la question.
Quest-ce quune espèce
nuisible ?
Une espèce peut
être classée « nuisible » pour lun des motifs suivants :
elle met en danger la
santé et la sécurité publique;
Elle provoque des
dommages importants aux activités agricoles, forestières ou aquacoles ;
Elle représente une
menace pour la protection de la faune et de la flore.
(référence : art.
R227-6 du Code rural)
Qui détermine quune
espèce est nuisible ?
Le Ministre chargé
de lenvironnement établit une liste nationale des espèces susceptibles dêtre
classées nuisibles.
Le Préfet détermine
chaque année quelles espèces, figurant dans la liste nationale, sont classées nuisibles
dans le département. Une circulaire du Ministre en date du 27 juillet 1999 fixe les
conditions dans lesquelles le Préfet prépare, publie et applique son arrêté.
Pourquoi
la martre, la belette et le putois sont-ils retirés de la liste ?
Ces trois espèces ne posent aucun
problème vis à vis de la santé ou de la sécurité publique.
Il nexiste pas de données démontrant
des dommages importants sur les activités agricoles ou forestières, ni sur la faune et
la flore.
Quelles sont les conséquences de ce
retrait ?
Ces trois espèces
pourront continuer à être « chassées » mais ne pourront plus être
« détruites ».
Quelle est la
différence entre la « chasse » et la « destruction » ?
La chasse se
pratique uniquement à tir (fusil, arc), à courre ou au vol (fauconnerie), pendant la
période douverture. Chaque chasseur doit avoir un permis validé.
La destruction peut se
pratiquer en dehors des pério
des de chasse avec des
moyens de chasse prohibés, à condition quils soient sélectifs et non cruels. La
destruction par tir requiert la possession dun permis validé. Les piégeurs doivent
être agréés.
Description
La martre et la
fouine sont souvent confondues : la martre se différencie de la fouine par son plastron
blanchâtre ou jaunâtre dune seule pièce et son museau plus foncé.
Le pelage du putois est beige ou
jaunâtre sur le dos, noirâtre sous le ventre; son masque blanc et noir est
caractéristique de sa tête.
Le corps de la belette, le plus petit
carnivore dEurope, est brun roux sur le dessus, blanc dessous (ligne de démarcation
irrégulière).
Informations
générales sur la martre, la belette et le putois
La martre, la belette
et le putois ont un régime alimentaire constitué en grande partie de rongeurs. Les
attaques sur du gibier ou des animaux délevage sont rares et localisés.
En tant que gros
consommateurs de rongeurs, la martre, la belette et le putois apparaissent comme
dintéressants régulateurs de pullulation de rongeurs, au regard des conséquences
des campagnes anti-campagnols qui induisent un taux de mortalité non négligeables sur la
faune sauvage et le gibier. Les anticoagulants par exemple représentent plus de la
moitié des causes dintoxication chez les mammifères, et parmi eux, le sanglier et
le lièvre sont particulièrement touchés. Chez les oiseaux, les intoxications sont la
cause de plus dun quart de la mortalité, avec une sensibilité particulière des
pigeons, des canards et des perdrix (Lamarque et al., 1999).
Le piégeage des espèces
de carnivores dites nuisibles a un impact non négligeable sur dautres espèces de
carnivores, notamment sur des espèces protégées.
Leurs effectifs sont en
diminution en raison :
- de la modification des
milieux qui les hébergent : forêts (pour la martre), haies (pour la belette), zones
humides (pour le putois).
- de lactivité de
piégeage en tout temps et sans limitation de prise qui sajoute au tir pendant la
période de chasse.
- Quels problèmes pourrait poser la
martre ?
Le seul problème qui
peut éventuellement se poser est directement lié aux lâchers danimaux
délevage pour les besoins dune chasse artificielle. Il est bien évident
quun prédateur cherche à rétablir un équilibre naturel rompu par larrivée
anormalement massive de faisans délevage introduits pour alimenter les chasses
communales ou commerciales en « gibier de tir ».
Ces nouveaux venus sont
en surnombre et nont de surcroît aucune capacité dadaptation au milieu. Le
prédateur, comme cest son rôle, les élimine. Il ne fait quappliquer la loi
du moindre effort que tout être vivant fait sienne.
Quels problèmes pourrait poser la
belette ?
Il est démontré
quelle ne peut en aucun cas commettre de dommages à la faune sauvage. Il en est de
même en ce qui concerne les volailles dans les basses-cours.
Son rôle de prédateur
de micro-mammifères est très positif au point que cest la destruction de la
belette qui entraînerait des problèmes. Labsence de prédation profiterait aux
mulots et aux campagnols. La pullulation de ces rongeurs serait un fléau pour
léconomie rurale.
Quels problèmes pourrait poser le
putois ?
Les problèmes ne
peuvent être importants car le putois joue un rôle infiniment plus positif que négatif.
Et il ne fréquente pas de façon habituelle les territoires urbanisés.
Il ne cause aucun
problème dans les milieux naturels, bien au contraire. Quun animal élimine des
espèces « nuisibles », telles les rats dégout, devrait suffire à le
classer parmi les espèces protégées.
Mais cette logique
nest pas encore admise de chasseurs qui ne supportent pas que la prédation
sexerce aussi sur des lapins de garenne.